J’ai peur.
Peur de quoi ? Un vide à l’intérieur, une sensation atroce qui vous prend tout entier. J’ai peur. Peur de quoi ? De rien. Parfois cela m’arrive. L’humain est fait pour sentir la solitude peser sur ses épaules. L’humain ressent le malheur comme un poison qui s’infiltre au plus profond de ses entrailles, de ses souvenirs, de son inconscient. Il surprend ce manque en lui. Ce sentiment est indescriptible comme tous les sentiments. On le sent. On le hait. Et pourtant…et pourtant…il est la, il reste, il dort, alors que l’on croyait parti à jamais. Il sommeille en nous, tel un animal tapi dans l’ombre. L’on souffle, l’on respire, l’on vit. Et pourtant…et pourtant…il revient un jour. Revenir pour mieux se venger. Vous accablant plus qu’il ne vous avait jamais accablé et vous voila. Devant votre écran. Seul. Ecrivant ces lignes. Sans aucune raison, aucun motif. Vos doigts parcourent le clavier, guidés par une force invisible. Ecrire. Ecrire pour vivre. Ecrire pour exister. Ecrire pour ne plus se sentir seul. A coté de moi, ce livre. Les mots, les phrases, cette histoire qui se déroule sous mes yeux captivés, une vie parallèle. Ces personnages, à la fois si triste, si heureux, que l’on envie secrètement, à l’ombre de la nuit, dans nos rêves les plus intimes. Ces passages que l’on relie et relie, espérant de ne les avoir jamais lu, pour garder cette sensation délicate, ce papillon d’euphorie intérieur que procure la surprise d’avoir découvert l’obscure intrigue, le plaisir exalté de deux âmes mêlées dans un dernier soupir. Vous vivez. Vous subsistez à travers eux.
Votre cœur s’arrête. Cette page. Cette dernière page. Mon regard, votre regard, s’éteint avec elle. Une souffrance éternelle. Supplice de Sisyphe.
La mort, oui l’on pourrait comparer ce moment à la mort.
Mourir pour mieux renaitre…
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super admin